Le château de Castelmore, berceau de d’Artagnan, est nommé initialement « Castel Maure » sur les planches cadastrales, parce qu’il est situé sur les hauteurs, à la sortie du village de Lupiac, où campaient les Sarrasins que St Frix affronta au VIIIe siècle.
L’origine du château lui-même remonte au Moyen Age, entre le XIe et le XIIe siècle. Il reste de cette partie de l’édifice, deux salles aux murs très épais, flanquées de deux tours rondes, en pierre de taille assisée, qui comportent des arquebusades et qui défendaient très certainement l’entrée. Celle-ci devait être située à l’Ouest car des traces de cette ouverture sont encore visibles. L’actuelle cuisine du château comporte des caves qui pourraient bien avoir été l’ancien fossé médiéval.
Le château de Castelmore du XVIIe siècle, époque où naquit d’Artagnan, est surtout connu par l’inventaire dressé en 1635 après le décès du père du Capitaine des Mousquetaires.
André Laffargue en rappelle la description et l’ameublement :
« Une petite chapelle, aujourd’hui disparue, était attenante au château. Il s’y trouvait un autel de pierre, des agenouilloirs et les objets, vêtements et ornements nécessaires au culte.
Le rez-de-chaussée comprenait 3 grandes pièces (peut-être 4)
- La salle d’en bas, servait de salle à manger et de pièce de séjour. On y trouvait une table à rallonges avec bancs, un buffet dressoir, deux armoires, cinq chaises à bras garnies de cuir, divers petits meubles, trois tableaux anciens, une paire de landiers.
- La chambre dite « de la demoiselle » c’est-à-dire de Françoise de Montesquiou, comportant deux lits avec matelas, couette, coussin, couverture blanche, deux châlits entourés de raze noir, une table avec tapis noir et deux bancs, une paire de landiers, 3 arquebuses à rouet, deux épées.
- La cuisine, avec buffet, 2 armoires, tables, ustensiles divers, 5 broches, four, une paire de landiers.
- Un couloir (courroir) servant d’entrée avec coffres et châlits inemployés.
Le premier étage comportait 5 pièces principales, cabinet et garde-robes.
- La salle haute, sorte de salon, avec 4 fenêtres (2 au Nord et 2 au Midi) et 4 portes donnant sur les 4 chambres. L’escalier devait déboucher dans cette salle par un petit cabinet. On trouvait dans cette salle : une table à rallonge, un banc, une couchette de repos, douze chaises à bras couvertes d’étamine rouge, un dressoir neuf, une sorte de billard, une paire de landiers.
- Une chambre « à l’Orient » avec 2 croisées vitrées, 2 châlits entourés d’étamine jaune, avec matelas, coussin, couverture jaune, 2 chaises à bras, banc, buffet, une paire de landiers ; une porte donnait dans une tour.
- Une chambre (probablement aussi à l’Orient) avec croisée vitrée, 2 châlits entourés d’étamine zinzolin passementée de velours noir, coffre, 2 chaises, table, 2 paires de landiers.
- Une chambre « cousté de la montagne » (c’est-à-dire au Sud-Ouest) avec croisée vitrée, bancs, une paire de landiers, vieux outils (pas de lit ou châlit).
- Une chambre « cousté contre la bise » (donc au Nord-Ouest) avec croisée vitrée, 2 châlits avec matelas, coussins, couvertures blanches, coffre, table, banc, 2 chaises, une paire de landiers.
Un escalier dans une tour (escalier de service) permettait de monter dans le grenier où l’on trouva un fauconneau (pièce d’artillerie de très petit calibre). »
Cet inventaire, qui ne permet pas de dresser un plan précis, a cependant le mérite de donner une idée du nombre de pièces et du mode de vie. On peut noter que la vie n’y était ni ostentatoire, ni luxueuse, que le mobilier était pratique et rustique, que le confort était rudimentaire mais suffisant.
De nombreux remaniements ont ensuite lieu sur le bâtiment, au XVIIIe puis au XIXe siècle ; le tracé de la route est modifiée vers l’Ouest, motivant l’actuelle entrée, avec son hall, au Nord et deux tours polygonales sont ajoutées sur la façade Est.
Il subsiste toujours aujourd’hui l’ancienne cuisine gasconne, comme témoignage authentique du siècle de d’Artagnan.