Le château de Saint Lary est situé à 15 kilomètres au Nord-Est d’Auch, dans le village du même nom, qui, avec ses maisons, son enceinte, son château, représente un exemple parfait de l’habitat rural du Moyen-Age.
Comme souvent à cette époque, lorsque le village était construit sur un éperon rocheux, le château se dresse à l’opposé de l’entrée du bourg « sur le sommet le plus aigu des monticules en rotonde qui flanquent la rive droite de la Loustère » Abbé Daugé.
Il est évident que la position est défensive autant que stratégique car, des terrasses du château, la vue englobe tout le vallon. C’est d’ailleurs, comme le rappelle Jacques Gardelles en tant que « petite place forte fortifiée que Saint Lary figurait dans l’état des places fortes de Gascogne dressé le 8 novembre 1626 par le vice-sénéchal d’Armagnac ».
Il est difficile de dater la construction du château, mais l’on sait néanmoins que le premier occupant de ce lieu fut Barthélémy de Biran, en l’an 1270. Sa première construction est donc vraisemblablement du XIIIe et a toutes les caractéristiques du château gascon, si ce n’est des proportions plus « grandioses ». En effet, le corps de logis initial est un rectangle de 18 mètres par 17 mètres, flanqué de deux tours au Nord-Est et au Nord-Ouest ; la seconde mesurant, tout de même, 8 mètres sur 7 mètres.
Par ailleurs, le château est entouré d’une enceinte, qui n’est actuellement visible qu’au Nord et qui isole le château du village par une cour close.
De nombreux changements ou restaurations sont survenus et la lecture de l’édifice n’est pas facile.
D’une part, le rez-de-chaussée était hermétique, comme cela était d’usage. Il est aujourd’hui percé de portes extérieures et intérieures, destinées à rendre la circulation plus aisée à l’intérieur du château.
« Du XVIe siècle, nous avons un bâtiment accolé à la face Sud de la petite tour et de même largeur qu’elle (…)
C’est une tour-escalier avec un pilier central carré de 1 mètre de côté autour duquel se développent onze volées de quatre marches. Ces dernières sont constituées de dalles de 1m75 de long reposant sur des corniches engagées dans les murs. L’ensemble est très vaste, solidement construit et d’une simplicité harmonieuse ( …) Du XVIIe siècle, nous avons la partie du corps de logis qui constitue l’angle Sud-Ouest du bâtiment primitif. » René Caïrou
Pour l’Abbé Daugé, en revanche « c’est certainement au XVe siècle que fut édifiée la tour de l’escalier qui fut adossée contre la tour d’angle Nord-Est et la façade orientale du château (…)
C’est également à ce remaniement, qui date du XVe siècle, qu’il faut rapporter l’ouverture de toutes les croisées à meneaux que l’on voit, sur les trois façades de l’Est, du Nord et de l’Ouest.» En revanche, il semble d’accord avec René Caïrou sur la datation de XVIIe siècle pour le second remaniement. « Le second remaniement est du XVIIe siècle. Il dut être entrepris après le démantèlement du château et la destruction d la muraille d’enceinte au midi. Il ne s’agissait plus, cette fois, de rendre la demeure agréable ; mais il fallait d’urgence la relever si on ne voulait pas l’abandonner, car elle était absolument inhabitable et de devait plus présenter, surtout du côté méridional, que délabrements et ruines béantes. » Abbé Daugé
De toute évidence, les modifications du château ont été importantes. Il faut aussi signaler la façade Nord du château, qui mesure à présent 26 mètres de long : « Il semblerait que le mur que nous voyons ne soit pas le mur primitif, ce dernier pouvant être le mur intérieur, parallèle au mur extérieur et sur lequel les tours étaient en débordement. Ce qui expliquerait l’existence de ce couloir entre les deux murs Nord, couloir inhabituel dans les constructions de cette période. » René Caïrou
Au XXe siècle, les tours qui avaient été arasées, ont été reconstruites. Il a ensuite été entièrement restauré.
Les seigneurs de Saint-Lary
• Les Biran
Le premier seigneur de Saint Lary est Barthélemy de Biran, signalé en 1270, auquel lui succéda sa fille, Mabille de Biran. « Sans doute que les Barons de Biran avaient dû le bâtir pour la défense de la vie et des biens de leurs serfs dans ces terres trop éloignées de leur résidence et qui avoisinaient les limites du Comté de Gaure donné à l’Angleterre. »
Abbé Daugé
• Les Monlezun
Par mariage, la seigneurie passe ensuite dans la famille des Monlezun, branche détachée de celle des Comtes de Pardiac, et y reste jusqu’en 1780.
D’après l’Abbé Daugé, il semble que le château soit habité en alternance par les Monlezun durant le XVe et le XVIe siècle, qui se partagent alors avec d’autres résidences, mais qui l’entretiennent et le remanient.
Durant la période des guerres de religion, il est possible que Montgomery, « farouche chef huguenot » y séjourne brièvement lors de sa mise à sac du Fezensac.
En revanche, Anne de Lozières, veuve de Georges de Monlezun, habite réellement le château lors du règne d’Henri IV et y meurt, âgée, en 1630.
Vers la fin du XVIIe siècle, la famille de Monlezun perd ses droits sur le château, néanmoins « on retrouve les Monlezun à Saint-Lary de 1728 jusqu’en 1780, date de la mort du Marquis Henri de Monlezun, dernier représentant mâle de cette ancienne famille. » Abbé Daugé
Pendant le XVIIIe Saint Lary est cependant délaissé par ses propriétaires qui émigrent avec la tourmente révolutionnaire.
Le 2 septembre 1792, le château de Saint-Lary est confisqué et vendu comme biens d’émigrés avec ses dépendances, sa cour et son puits, à Augustin Quinsac.
En 1927 la Comtesse de Colloredo-Mansfield d’Autriche acquiert le château de St Lary. Sollicités comme interprète par les Nazis durant la Seconde Guerre Mondiale, elle réalise le tour de force de se soumettre aux ordres des Allemands tout en cachant des Juifs dans les combles.
Enfin, en 1985, Claude Jean Du Barry lui succède, avec sa femme, Daphné Du Barry ( www.daphne-dubarry.com) qui réalise des statues figuratives monumentales en bronze, exposées dans les plus grandes villes du monde. En 2003, la ville de Sienne, en Italie, lui a notamment commandé un Blaise de Monluc de 1m80 de haut.
Bibliographie
Monographie "Le Chateau de Saint-Lary" par l'Abbé S. Daugé, Imprimerie Léonce Cocharaux, Auch, 1911