Description de l’épée dite « à la mousquetaire »

Extrait de l’article intitulé « l’Epée d’infanterie de la fin du XVIIe siècle » par Michel Pétard (1) dans la Gazette des Armes N°102 – Février 1982 – avec l’aimable autorisation de cette dernière. 


Morphologie de l’objet

La monture est du type « à la mousquetaire » c’est-à-dire que la garde est en coquille avec les « pas-d’âne » partant de l’écusson. La lame d’après les objets que j’ai pu étudiés mesure entre 26 et 28 pouces. Elle est a section losangique donc à tranchant double.

Épée dite "à la mousquetaire"

Fabrication

pommeau d'épée dite "à la mousquetaire:"Toute la monture est faite de laiton fondu et composée de quatre pièces distinctes : la coquille, la branche de garde elle-même accompagnée du quillon et des pas-d’âne, la fusée et enfin le pommeau (ce dernier toujours creux est réalisé soit à noyau, soit en deux parties, il en est de même pour la fusée).

Disons tout de suite que l’assemblage est des plus frustes et la finition au brunissoir ne réussit pas à cacher les défauts multiples d’une fonderie très médiocre !

Quand à la lame, elle est très probablement produite à St Etienne en Forez, manufacture qui ne bénéficie pas d’une grande réputation dans le domaine des armes blanches !

Le fourreau, lui, est traditionnellement de bois gainé de veau avec une chape à crochet et une bouterolle de laiton.

Les avantages de l’épée d’infanterie

Avant tout et presque exclusivement économiques, entretien des plus faciles et petites dimensions. Nous l’avons vu, la fabrication est simplifiée par la nature de la matière, d’où le faible coût d’une épée à la portée des colonels les plus démunis.

Ses inconvénients

Cette épée reste un objet grossier et fort mal en main, en un mot inutilisable. C’est d’ailleurs le problème soulevé par de nombreux chefs de corps vers 1710 qui pensent à la supprimer car cette arme encombre des soldats dont la seule efficacité réside dans le fusil. Louvois n’acceptera jamais cette idée pleine de bon sens sous prétexte que l’épée est l’objet qui distingue le soldat du paysan.

Les différentes parties de l'arme et leurs appellations

Pommeau de l'épée dite "à la mousquetaire"
 
A. Le pommeau et son bouton de rivure ;

B. La fusée ;

C. La branche de garde et son crochet l'assurant au pommeau ;

D. Le pas d'âne ;

E. Le quillon ;

F. L'écusson ;

G. La coquille ;

H. La soie sur laquelle s'ajuste la monture ;

I. Le talon.

(1) Michel Pétard est historien spécialisé sur le sujet des armes blanches militaires françaises et du costume de guerre, notamment du règne de Louis XIV à nos jours ; il est l'auteur de la collection Des sabres et des épées évoquant le complet des armes blanches réglementaires françaises en trois tomes, étudiant 1192 armes en 245 planches sur 661 pages. (Chez l'auteur, 13 rue de l'Allier 44230 Saint Sébastien sur Loire)