Le château de Balarin (Balerin ou Valerin comme on le trouve aussi écrit) se trouve à 4,5 km au Nord Est de la commune de Montréal. Il date du XIIIe siècle et appartenait alors au Condomois, sous domination anglaise. « Il faisait partie de ce système de petites forteresses, toutes semblables, échelonnées le long de la frontière, se raccordant à l’est aux châteaux de Luzan, de Beaumont, de Larressingle, de Pouypardin, de Fousseries et de Goalard au dessus- de Condom, et à l’ouest à la place forte de Montréal, bastide nouvellement fondée (1265). » Philippe Lauzun
Sa construction est typique du château gascon de l’époque, qu’il s’agisse de l’appareil de ses murs, de la forme de ses meurtrières, du style de ses ouvertures ou du dispositif des mâchicoulis. « Tout porte en lui la marque de cette époque guerrière, où sur chaque tertre la Gascogne se hérissait de forteresses, où la force primait le droit, où partout se faisait impérieusement sentir le besoin de se défendre. » Philippe Lauzun
C’est alors une maison forte de 12 mètres de long sur 8 mètres de large avec un donjon carré.
Dès le XVe siècle, la guerre ayant pris fin, il se verra doté de fenêtres à meneaux, plus larges et plus hautes, de cheminées et d’un escalier dans une tourelle qui le transformèrent en habitation plus confortable. De plus, un autre corps de logis plus bas s’ajouta, pour pouvoir accueillir les communs.
Ces ajouts ne sont plus visibles aujourd’hui et il ne reste, comme témoignage, que deux eaux fortes de Léo Drouyn, qui se trouvent dans le Tome II de La Généalogie de la Maison Galard par Noulens.
Par ailleurs, comme au château de Mansencôme, une enceinte fut construite et reconstruite, mais elle ne résista pas aux dommages du temps.
Comme le souligne Lauzun : « Il n’est resté intact, moins toutefois sa charpente et ses planchers, que le château primitif du XIIIe siècle, défiant les morsures du temps. »
C’est d’ailleurs l’impression qu’il donne toujours aujourd’hui, ce bastion fort endommagé mais fièrement dressé, défiant l’oubli et les intempéries. On peut encore y lire l’architecture traditionnelle du château gascon, bien que Balarin n’ait toujours été défendu que par une seule tour carrée alors que la plupart des autres châteaux en possédaient souvent deux. D’après Lauzun, cette tour servait plus à l’observation qu’à la défense.
En revanche, son corps de logis est caractéristique, avec un rez-de-chaussée qui était hermétiquement clos et servait de magasin d’approvisionnement. On ne pénétrait dans le château que par le 1er étage de la tour et on utilisait une échelle.
A partir de la grande salle du premier étage, une porte s’ouvrait sur le second étage qui renfermait la salle des gens d’armes et l’habitation du chef et de sa famille. Cette salle n’était éclairée que par trois meurtrières et ce n’est qu’au XVe siècle que deux cheminées y apportèrent un peu de confort.
Au XIIIe siècle, le château ne dépassait pas ces deux étages qui étaient recouverts d’une charpente. Plus tard, un troisième étage fut ajouté, qui s’appuya sur le chemin de ronde primitif. Il est aujourd’hui, en grande partie, démoli.
La tour, en revanche, avait quatre étages pour pouvoir dominer et servir de poste d’observation.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, un établissement religieux a été construit pas les Prémontrés dans l’ancienne enceinte du château.
« A 150 mètres au nord du vieux château, hors du parc qui l’entoure, se dresse la chapelle, ouverte aujourd’hui au culte de la paroisse, mais qui, entièrement refaite en 1824, n’a rien gardé de son ancien style. Ses dalles recouvrent encore les tombes de quelques uns de ses anciens seigneurs. »
Philippe Lauzun
Les Seigneurs de Balarin
• Les Galard
« L’histoire du château de Balarin est en partie celle de l’une des branches de la maison de Galard, qui le posséda durant plusieurs siècles et dont J. Noulens a écrit la généalogie. » Philippe Lauzun
Les seigneurs de Galard, dont le berceau est sans doute le château de Goalard, sont déjà cités dès 1062 en tant que bienfaiteurs de l’abbaye de Condom.
Au XIVe siècle, la famille est divisée en plusieurs branches dont la branche aînée - celle de Terraube - et la branche de l’Isle-Bozon d’où sont venues celles de Magnas, d’Espiens, de Saldebru, de Brassac, de Béarn, de Berac, et de Balarin.
En 1347, on trouve cité Viguier ou Bègue de Galard comme « Capitaine de la Salle de Balarin », prouvant ainsi, comme le rappelle Lauzun, que Balarin était, avant tout, une caserne. Ce capitaine était, par ailleurs, Gouverneur de Commines, régent de la princesse Marguerite et conseiller intime du Comte d’Armagnac.
La famille de Galard garde la possession de Balarin jusqu’en 1451 et la vend alors à un bourgeois et marchand de Condom nommé Jean Mercier. Curieusement, les Galard revende à nouveau Balarin en 1464 à un Pierre Mercier, frère ou fils du premier, usant sans doute, comme le dit Lauzun, de leur « droit de rachat ».
• Les Mercier
Bien que roturiers, les Mercier étaient des gens d’importance.
« Quoique d’origine roturière et se livrant au commerce, ils possédaient de nombreuses maisons à Condom, Montréal, Fourcès, et beaucoup de terres dans toutes ces juridictions. Leur fortune était considérable. Longtemps ils exercèrent à Montréal, qui paraît avoir été leur résidence principale, les fonctions de consuls , faisant cause commune alors avec leurs collègues dans la revendication des droits et privilèges de la cité. » Philippe Lauzun.
Mais ils étaient aussi « mercantiles et vindicatifs » et ne vivaient pas en bonne intelligence avec leurs voisins. Ceci s’empira lorsqu’ils entrèrent en possession de Balarin, d’autant qu’ils s’arrogèrent tous les titres de noblesse de leurs prédécesseurs.
Ce sont les Mercier qui entreprennent toutes les modifications du château de Balarin et la légende dit qu’ils firent tous ses travaux eux-mêmes.
Curieuse ironie du sort, le château de Balarin revient aux Galard en 1611, après 147 ans aux mains de la famille Mercier et y reste jusqu’en 1770.
• Les La Mazelière
« D’après Saint-Allais, qui en a dressé la généalogie, la branche des La Mazelière, qui vint s’établir en Guyenne vers la fin du XVIe siècle, descendait de la famille La Mazelière-Coetquen, une des plus anciennes de Bretagne. » Philippe Lauzun
C’est Joseph-Marie Imbert de La Mazelière, qui fut chevau-léger dans la garde du roi et Chevalier de l’Ordre de Malte qui hérita du château de Balarin en 1770, légué par sa tante Marie de Galard et y resta jusqu’à sa mort.
• L’ordre des Prémontrés
En 1850, le château est donné, par acte public à l’Ordre des Frères Prémontrés qui élevèrent « une superbe maison religieuse destinée à former les Missionnaires » à côté du château d’origine.