Le Château de Mansencôme (ou Massencôme), situé au cœur du village de même nom, domine du haut de sa colline de 175m, les vallées de la Baïse et de l’Osse, d’où son nom ;
« Mas » voulant dire « habitation » et « Côme » venant de « coume » signifiant « vallée ».
Il possède l’architecture typique des Châteaux Gascons avec un grand corps de logis rectangulaire de deux étages, et deux tours carrées d’angle, diamétralement opposées, et d’inégale grandeur.
Il est très semblable au château du Tauzia, tant par son corps de logis principal que ses tours carrées, son appareil, ses murs très épais (de 1,30m à 1,40 m en moyenne) et ses dispositions intérieures.
Contrairement à ce dernier qui était en territoire anglais vers la fin du XIIIe siècle, Mansencôme, situé en Armagnac, a toujours fait partie des possessions françaises.
A ce propos Philippe Lauzun dit « C’est à croire, s’il ne se trouvait dans le camp adverse, que l’architecte en a été le même, comme s’il le destinait, sinon à servir la même cause, du moins à opposer en temps de guerre les mêmes moyens d’attaque et de défense. »
Le site sur lequel il est implanté est un remarquable poste d’observation qui ne se contente pas de dominer les vallées. Il permettait alors autant de voir loin les lignes ennemies que de communiquer avec les postes alliés. C’est ce que l’on peut nommer, à juste titre, une position stratégique. Son édification remonte très certainement au XIIIe siècle.
Contrairement à la plupart des châteaux gascons qui ne possèdent ni fossé, ni enceinte de défense, Mansencôme fait exception sur ce point. Le château était en effet entouré d’une enceinte polygonale, aujourd’hui en partie disparue, qui cependant semblait davantage servir de clôture que de mur de défense. Ceci renforce bien le rôle principal dévolu à ces édifices qui étaient surtout destinés à l’observation.
Bien que conçu, comme les autres châteaux gascons, pour abriter une petite garnison, Mansencôme se distingue par une taille imposante. Elle ne permet cependant pas de conclure qu’il était habité par ses seigneurs. En effet, malgré les remaniements que le château a subis au fil des siècles, son logis ne présente pas de structures propres à l’habitation ; l’absence d’ouverture au rez-de chaussée et au premier étage tout comme celle d’un escalier fixe peut laisser croire qu’il n’avait pas un usage résidentiel, même le plus minime.
Philippe Lauzun affirme même que les traces d’habitation ne sont visibles que sur un autre corps de logis alors relié à l’édifice principal par une courtine et construit au XIVe siècle. Ce qui tend à prouver que les seigneurs de Lasseran, propriétaires de Mansencôme n’habitaient pas, à proprement parler sur ce site. « Ils possédaient ailleurs d’autres résidences plus somptueuses et ne firent construire qu’en vue de leur convenance personnelle, et pour des moments assez courts où ils étaient obligés de venir dans le pays, ce corps de logis annexe, beaucoup plus commode et agréable à habiter que la sombre forteresse. »
Aux XVIe et XVIIe siècle, Mansencôme n’est quasiment plus occupé par ses propriétaires.
Ce n’est qu’au XIXe siècle qu’il subit une restauration partielle lorsque ses acquéreurs d’alors cherchent à le rendre…habitable ! C’est notamment la raison pour laquelle on peut voir aujourd’hui des fenêtres à meneaux. Il faut croire que le projet était trop ambitieux ou inadapté, car la restauration ne fut pas complète et le château abandonné de nouveau, le laissant dans « un état inachevé de grossière transformation ».
Malgré les remaniements qui ont un peu bouleversé son allure, Mansencôme reste un beau spécimen de l’architecture gasconne de la fin du XIIIe siècle. Comme le dit René Caïrou, « à défaut de valeur militaire, il possède une allure militaire et une densité de défenses bien supérieure à celle que nous rencontrons par ailleurs ; seul le château de Ste Mère peut rivaliser avec ce dernier. »
Les seigneurs de Mansencôme
D’après Philippe Lauzun : « C’est à la fin du XIIIe siècle et précisément à l’époque qui concorde avec la date de construction du château, que nous voyons les Lasseran qualifiés de seigneurs de Massencôme.
Garcie-Arnaud de Lasseran, seigneur de Massencôme, Labit, Puch de Gontaud, Monluc, etc… eut une fille, Aude, qui épousa Odet de Montesquiou. Les clauses du contrat de mariage stipulent que les enfants à naître de cette union devront porter le nom et les armes du père de la mariée, soit les Lasseran-Massencôme (…)
Aude fut l’unique héritière de son père et donna les terres de Massencôme à son fils aîné, Guillem, et les terres de Monluc à son fils puîné, Guillem-Arnaud. Ce dernier devint le chef de la branche d’où sortit le célèbre Maréchal Blaise de Monluc. »
Comme de nombreux seigneurs gascons, ceux de Lasseran jouèrent un rôle significatif dans l’histoire militaire de la Gascogne.
- Dès 1356, on trouve notamment un Manaud de Lasseran qui se distingue très jeune, durant les luttes entre la France et l’Angleterre.
- Au XVe siècle, Isabeau de Lasseran est instituée héritière de Massencôme à la place de son frère et épouse un seigneur de Poyanne. Cette nouvelle branche continue à briller militairement. Charles de Poyanne, nouveau seigneur de Massencôme sert avec éclat dans les armées du Roi pendant les guerres d’Italie.
De la même manière que cela fut fait avec la première héritière, Aude, les enfants qui naquirent de ce mariage portèrent, par une clause du contrat de mariage, le nom de Lasseran-Massencôme, de telle sorte que le nom perdura jusqu’à la Révolution.
- Quelques années plus tard, c’est Jean-Alexandre de Lasseran, seigneur de Massencôme, qui s’illustre durant les guerres de Religion, en participant à un beau fait d’armes devant Mirande.
En 1577, en effet, Henri de Navarre avait fui la cour et était au début de sa lutte contre la Ligue. Il cherchait par tous les moyens possibles à se faire des partisans en Gascogne et au terme d'un sanglant combat, il prit Mirande, avec l'aide de quelques seigneurs dont le chevalier d'Antras et le seigneur de Massencôme,
Dans ses Mémoires, Jean d’Antras écrit : « Les habitants ne perdirent rien, lesquels furent en tous points respectés, comme étant bons serviteurs du roi. Aussi M. de Massencôme et moi leur fîmes à ce coup un bon service ; aussi faut-il aider les amis et voisins à leur nécessité, car il faut dire comme les anciens, pugna pro patria, et ainsi il faut vivre en ce monde. »
- En 1656, le roi Louis XIII délivre, à Fontainebleau, des lettres patentes en vertu desquelles furent érigées en baronnie la terre et seigneurie de Massencôme : en considération des nombreux services rendus par François de Massencôme en la charge de gouverneur de Marciac, dont il avait soutenu le siège contre ceux de la religion prétendue réformée, et aussi de ceux de son fils, Bernard de Massencôme en qualité d’officier dans le régiment de Saintonge, et également en souvenir des services signalés de leurs précédesseurs et même de ceux du maréchal Blaise de Monluc.
Vers la deuxième moitié du XVIIe siècle, les marquis de Maniban seigneurs voisins du fief de Massencôme commencent à acquérir certains droits sur cette seigneurie pour finir le siècle suivant, par la posséder en entier. Elle passe alors, après cinq siècles dans la même famille illustre, dans des mains étrangères.