Situé dans la commune de même nom, le château de Roquefort se dresse fièrement sur les premiers contreforts de la rive gauche de la vallée du Gers, à 18 km au Nord d’Auch.
Construit au XIIIe siècle sur les limites du Comté d’Armagnac, il assurait très certainement la surveillance de l’importante voie de communication qui passait à ses pieds, avant-poste en face des châteaux anglais de Ste Christie ou Casteljaloux.
Au XIIIe siècle, le château se résumait à une tour de guet. Elle était carrée, d’environ 6 mètres de côté, avec des murs épais d’1mètre 40. « A l’intérieur, cette tour renferme la plus grande curiosité de tout le monument. A partir du sol et jusqu’à environ 2 mètres de hauteur, elle était bâtie en maçonnerie pleine comme pour défier toutes les tentatives de la sape. Au-dessus de cette maçonnerie pleine se trouvait un compartiment carré de 3m50 de côté, haut d’environ 5 mètres, sans aucune ouverture sur les parois latérales. C’était un bien sombre cachot s’il servait de prison ! Les malheureux qu’on y enfermait étaient descendus par une ouverture carrée pratiquée dans la voûte ; et c’est par là qu’il recevaient aussi le jour, l’air et les vivres ! » Abbé Daugé
Pour René Caïrou, il devait y avoir également une enceinte dont il subsiste « des vestiges contre lesquels sont venus s’appuyer postérieurement les bâtiments. » Toujours d’après l’approche de René Caïrou (qui diffère de celle de l’Abbé Daugé) le donjon aurait été construit au XIVe (et non au XVe).
Il appuie sa thèse sur un acte de vente qu’il a retrouvé, datant de 1365, par lequel « la terre de Roquefort, sa tour et ses moulins, est vendue à Noble Maurin Bernadius de Biran (…) bourgeois d’Auch enrichi par les charges publiques qu’il assurait. » Selon lui, ces Biran « ne peuvent se satisfaire de la tour étriquée du XIIIe siècle. »
Toujours est-il que la tour fut absorbée par la construction du donjon. Ce dernier, fort majestueux, fut construit sur la base d’un carré d’environ 12 mètres de côté, dans un bel appareil très bien conservé et restauré, et d’une hauteur de plus de 18 mètres. D’après René Caïrou, il devait comprendre six niveaux, en comptant un sous-sol et un rez-de-chaussée hermétiquement clos et un dernier étage comportant un mâchicoulis continu. Le premier étage était réservé pour la défense et le deuxième étage était l’étage noble – le logis du seigneur -comme dans la plupart des châteaux gascons.
Il était décoré et bien éclairé par des croisées et demi-croisées.
« On retrouve encore, à cet étage, des vestiges de la peinture dont ces appartements furent décorés. On remarque aussi, encastré dans l’angle Nord-Est, les restes d’un évier triangulaire. De la grande cheminée qui était destinée à chauffer cet appartement, les jambages, la corniche et le tuyau ont été enlevés. Il ne reste plus que les deux encoignures plantées dans le mur Nord. » Abbé Daugé
Selon René Caïrou ce donjon « possède la masse des constructions du XIVe. Du XIVe également, la maçonnerie soignée avec des moellons aux faces bien dressées et des assemblages à joints maigres. Enfin et surtout, une défense puissante qui se transporte dans le couronnement avec l’apparition de ces mâchicoulis continus. Pour ce qui est des croisés et demi-croisées, elles paraissent être d’origine et annoncent un style qui se répand au XVe siècle ; les ouvertures nous donneraient donc la fin du XIVe siècle. »
Ce devait être un poste de défense suffisamment dissuasif, tant par la puissance de sa construction que par sa position remarquable.
Il fut ensuite délaissé au XVIe siècle, pendant près de deux cents ans, puis sauvé de la ruine au XVIIIe siècle. Des transformations et des ajouts eurent lieu au XIXe et au XXe siècle, mais il a été entièrement restauré par les propriétaires actuels qui en ont fait une élégante résidence privée.
Les seigneurs de Roquefort
• Les Biran
Le premier propriétaire connu, en 1365, est Maurin de Biran, qui n’a aucun rapport avec la famille des Barons de Biran, mais qui est un bourgeois d’Auch qui devait être estimé par les Comtes d’Armagnac.
« Ses descendants furent, pendant plus de deux cents ans, seigneurs de Roquefort et en assurèrent la prospérité par de nouvelles constructions, dont le donjon actuel. Le dernier des Biran, Bernard de Biran, mourut dans le second quart du XVIe siècle et au milieu du XVIe siècle, le château changea de famille. » René Caïrou
« Si Bernard de Biran fut le dernier de ce nom à jouir des prérogatives des seigneurs de Roquefort, sa race continua à pousser de nombreux et illustres rejetons, entre autres Carbon de Biran de Casteljaloux (…) lieutenant des gardes servant en Aunis au XVIIe siècle. Ne dirait-on pas que c’est à lui qu’Edmond Rostand a donné un regain de gloire dans sa ballade de Cyrano (sur les Cadets de Gascogne) ? » Abbé Daugé
Roquefort passe ensuite dans les dépendances des Ducs de Roquelaure, puis se transmet successivement en héritage jusqu’au XVIIIe siècle au Duc de Rohan, au Vicomte de Chabot, baron de Monstesquiou, au Vicomte de Lautrec et aux Rohan-Chabot.
La Marquise de Larroque-Gensac achète Roquefort en 1751 et il reste dans cette famille jusqu’en 1857.
Plusieurs propriétaire se succèdent à nouveau jusqu’au dernier achat par les actuels propriétaires, en 1971.