D'Artagnan - le vrai - était gascon.
Celui d'Alexandre Dumas l'était également, tout comme les plus grands protagonistes de la littérature d'aventure du XIXe siècle, qu'ils s'appellent Scaramouche, Lagardère, Pardaillan ou Cyrano de Bergerac.
Qu'avait donc le Gascon de si particulier pour incarner le type même du héros populaire ? Son accent, sa faconde, sa truculence ?
Hâbleur, bagarreur, courageux, loyal, bon vivant, excessif, telles sont en effet ses plus saillantes caractéristiques... les premières mailles qui tissent l'habit du personnage d'aventure.
Mais c'est au cœur de l'histoire de France que se trouve le modèle original.
Les romanciers y ont puisé et se sont ainsi inspirés de tous ces Gascons, connus et moins connus, qui ont donné du fil à retordre à leurs ennemis en servant fidèlement leur seigneur jusqu'à leur mort, de l'époque des grandes invasions à celle des Mousquetaires.
Car les Gascons sont de redoutables soldats depuis la nuit des temps...
Croisés en Terre Sainte et en Espagne,
Chevaliers de Malte,
Aux premières loges de la Guerre de Cent ans,
Proches de Jeanne d'Arc - surnommée l'Armagnacaise -,
Incontournables lors des Guerres d'Italie et celles de Religion,
Dans les bagages d'Henri IV, au régiment des Carabiniers...
... on les retrouve au XVIIe siècle, Mousquetaires du Roi.
Comment de pas voir en eux le prototype même du héros de Cape et d'Épée !
Mais pourquoi les Gascons sont-ils des guerriers redoutés, honnis autant qu'admirés, généreux autant que cruels, chevaliers autant que brigands ?
Et qui sont réellement tous ces fameux "Cadets", issus de Gascogne ?
La réponse est nichée au cœur de ses collines, dans ce terroir qui n'a pas été sans influence sur la formation du caractère Gascon.
C'est votre Gascogne, Messieurs, qui est un magasin de soldats, la pépinière des armées, la fleur et le choix de la plus belliqueuse noblesse de la terre...
(Préface de Florimond de Raymond à la première édition des Commentaires de Blaise de Monluc)